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« Le mot qui résume cette situation ?

Merde ♪ »

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Noctua regarda autour de lui d'un oeil froid. Cet endroit n'était pas censé appartenir à son clan ? Mais pourquoi un endroit aussi tortueux faisait il partie de leurs terres... Car, oui, Noctua était tout simplement perdu. Chez lui. Il gronda, fit un tour sur lui même. Non, rien ne pouvait lui indiquer la route qu'il avait suivi à l'aller. Alors il s'assit. Et il resta là.

C'est au bout d'une heure à attendre que quelqu'un ou quelque chose passe qu'il finit par se dire qu'il fallait peut être chercher une sortie. Non, Noctua n'était pas du tout quelqu'un de stupide, c'était juste quelqu'un qui détestait faire des efforts pour rien, et là, il était à peu près sur qu'il aurait à faire des efforts pour presque rien comme résultat. C'est alors en grommelant qu'il se releva. Ses yeux, d'un noir d'ébène, luisaient à la petite source de lumière qui émergeait d'une fissure. Mais il savait que cette fissure était trompeuse, et que creuser ne servait strictement à rien. Sa voix, basse et légèrement rocailleuse, s'éleva alors dans les sombres tunnels au rythme de ses pas. En gros, ça disait ça :

"Ah oui, mais pourquoi c'est pas fléché, hein ? Quelle idée aussi un terrain aussi stupide, mère nature, tu n'es qu'une imbécile. Regarde donc ce que tu nous a pondu. Tout ça, ça sert à rien, en plus...

Et, tel une mélopée funèbre et redondante, il recommençait, tenant infiniment ces propos sans réelle portée. C'était un loup, globalement, assez silencieux, mais là il était seul, et se sentait chez lui. Il parlait donc. Pour le plaisir de parler. D'entendre. De vivre, enfin plutôt de vivoter, comme un crapaud dans sa mare. Un frisson parcourut son échine : il faisait frais dans ces souterrains. Heureusement, sa fourrure mi longue lui tenait assez chaud pour que ce soit supportable. Son museau se tendit vers le sol, il tentait de repérer les endroits où il était déjà passé grâce à son odorat. Malheureusement, lui, son truc, c'était le toucher. Il lui était impossible, son sens olfactif oblitéré par des centaines de senteurs animales et terreuse, de retrouver sa propre trace. D'un claquement de langue, il se remit à avancer d'un train peinard, seules ses oreilles bougeant en tout sens, comme des frelons furieux à la recherche du moindre indice.

En fait, il ne se demanda pas un instant pourquoi il avait été se perdre dans les souterrains.

Il aurait bien aimé sortir d'ici, à vrai dire. Non pas qu'il n'aime pas la solitude, au contraire, il supportait difficilement son clan. En fait, tout ce qu'il voulait, c'était qu'on le laisse tranquille. Non, le problème était autrement plus important, et venait d'autre part. Il s'agissait de l'ambiance. Toute cette terre autour de lui l'oppressait légèrement, et le fait que de nombreuses légendes courent sur cet endroit le rendait légèrement nerveux. Il n'avait pas peur, non, ce n'était pas le genre de loup à être effrayé d'un simple bruit ou d'un simple passage trop étroit, mais il n'était pas non plus stupide. Il savait que certaines légendes, parfois, prenaient vie. Et alors, si on n'y avait jamais cru, on se retrouvait la plupart du temps six pieds sous terre. Alors, à tout prendre, Noctua préférait avoir l'air con en se méfiant de quelque chose qui n'existait pas plutôt que de se retrouver bêtement blessé, ou bêtement mort. Sûrement bêtement mort en fait, c'est un peu embêtant.

En fait, heureusement qu'il avait choisi de rester sur ses gardes, car sinon il aurait sûrement bêtement crevé dans ce souterrain.

Le loup totalement noir et blanc releva vivement la tête, la truffe en l'air. Cette dernière n'était pas minable au point de ne pas sentir l'arrivée de quelque chose. Il fit en bond en arrière alors qu'il avait le pressentiment que ladite chose arrivait à une vitesse sidérante. Ce fut ce qui le sauva, son instinct d'animal sauvage, alors qu'une lame d'os se fichait à quelques centimètres de sa tête, s'enfonçant profondément dans la terre. Derrière cette lame, touchant presque le bout du museau noir du loup qui semblait presque serein, à peine étonné devant cette situation catastrophique, l'attaquant. Un espèce de gros insecte bipède, mélange entre un scolopendre, une araignée, et un ours. Mais alors, de très gros insectes, dotés de la dentition à faire pâlir un tigre de jalousie. Mais en ce moment, le loup aux yeux d'onyx ne cherchait pas vraiment à déterminer quelle était la forme réelle de cette apparition, et choisit de mordre vivement cet appendice osseux. Lorsque la bestiole retira d'un coup sec son arme, elle faillit arracher la langue de Noctua, qui, en bon combattant, fit un bond de côté.

Il semblait en mauvaise, très mauvaise posture. En fait, il étira ses lèvres en un simulacre de sourire lupin. Ses dents, aussi blanches que le jour de sa naissances, laissèrent échapper un bruit de gorge.

"Ahah, j'ai trouvé plus con que moi. Approche, sale bête."

Dans ses yeux commença doucement à briller une petite flamme qui, au cours du combat, se transformerait peut être en brasier. L'insecte, le monstre, enfin la chose qui lui faisait face, se pencha légèrement en avant, les plaques protectrices le parcourant crissant désagréablement du fait de leur ajustement en tuiles. La Chose donc, appelons là ainsi, n'avait visiblement pas compris que sa proie différait des lapins et autres rongeurs habituels autrement que de par sa taille. Elle attaqua donc de front, sans chercher à comprendre pourquoi elle avait déjà échoué. Ca ne l'intéressait pas, de savoir. Manger importait seul.

Devant cette attaque de front, Noctua fit la chose qu'il lui était le plus simple à faire. Un mur de ténèbres s'éleva en quelques secondes devant la Chose, qui s'écrasa dessus avec un bruit sourd. Voilà ce qu'était le pouvoir de ce loup bicolore désintéressé : il mouvait mouvoir et solidifier à sa guise les ténèbres environnants. Alors dans un souterrain... Mais son opposant, contrairement à ce qu'il avait cru, n'était pas stupide, et surtout très déterminé à l'ajouter à son diner. Il disparut donc. Noctua délia lentement le voile de ténèbres, et faillit ainsi se faire décapiter.

Par derrière. Le monstre avait creusé une galerie grâce à ses membres préhensiles, et s'était ainsi retrouvé derrière sa proie. Qui n'en était pas une car, d'un bond, celle ci se jeta dans une voie qui se trouvait devant elle. La lame frôla son cou, détachant quelques poils au passage, mais Noctua n'en avait cure. Cette bestiole pouvait disparaître... Peu lui importait. Mais courrait elle plus vite que lui ? Un grand éclat de rire s'éleva de ce monstre noir et blanc, un rire mauvais et joyeux à la fois. Il s'amusait, comme un gosse s'amuse avec une fourmi, sauf que sa fourmi à lui était très grosse. La bête, très rapide, gagnait peu à peu du terrain. Jetant un regard en arrière, Noctua accéléra encore, et ne vit donc pas le fantôme qui se dressait devant lui.

Il culbuta ce dernier avec puissance, et le monstre qui le suivait glissa dans un dérapage incontrôlé avant de s'écraser sur les deux formes indistinctes devant lui.

Silence.

Pendant quelques secondes, rien ne bougea, puis Noctua se secoua et se releva, un peu ennuyé. Il assomma d'un bon coup de patte celui qui s'était pris pour un chasseur et qui, groggy, n'avait pas encore repris ses esprits. Il dégagea ensuite la forme fantomatique qui, en fait, n'était autre qu'un grand loup au pelage d'un blanc immaculé, uniquement tâché d'une mèche bleue cobalt. Noctua s'assit où il était, poussant juste la bête assommée d'un coup de patte pour aider son futur interlocuteur. Il s'excusa d'une voix qui n'était qu'un murmure, bien qu'un peu tranchante.

"Désolé. Cette rencontre n'aurait jamais du avoir lieu, cette bestiole était censé être mon déjeuner..."

Il regarda la proie avec dégout avant de se reprendre :

"Disons que je la chassais, mais à voir comme ça je n'ai pas vraiment envie d'en gouter même la cuisse."

Il était peu coutumier à Noctua de s'excuser, mais il se savait là en faute et c'était manquer d'éducation et de respect que de toiser sans rien dire un inconnu qu'on vient littéralement d'assommer.