Te souviens-tu, Erya ? *LIBRE

Te souviens-tu, Erya ?
*LIBRE

D

Renji, alpha de la Vue était sur le chemin de son territoire. Il venait du territoire du Toucher, car avant il avait été dans celui de l’Odorat. Et il marchait, tranquillement, la truffe au vent. Il levait légèrement la tête vers le ciel, le ciel éperdument bleu. Il faisait beau, et chaud par la même occasion. Les nuages étaient rares, et le soleil, l’astre roi, rayonnait de toute sa splendeur ! Renji était d’humeur rêveuse, et vagabonde, il pensait à plusieurs choses à la fois, et en même temps il était à la recherche d’un certain calme. En fait, il ne pouvait s’empêcher de penser, que bientôt, très bientôt, il serait papa. Mais comment ferait-il ? Comment ? C’était ça la grande question … Il était alpha et ne pouvait donc pas se séparer de son « rang ». Mais les tensions étaient calmées, et il n’y avait rien de bien méchant à l’horizon. Alors, ces enfants iraient dans le clan de leur mère, et ils seraient nourris là-bas. Renji viendrait, le plus souvent possible, pour les voir. Il était pressé, mais d’un autre côté, il était un peu inquiet. Un peu ? Ben, c’est normal après … Devenir père était une grande chose. Il se demande bien comment il allait s’y prendre. Crystal Clear aurait certainement plus de délicatesse et d’enseignement pour ça, non ? Et elle, comment s’était passée son enfance ? Là, c’était bien un mystère pour le loup argenté.

En continuant à marcher sur le sol, dès à présent noir, recouvert de lave, il continuait, le visage levé, à penser. Il se souvenait, oui, très bien. Tout était très clair dans son esprit. Sa mère et son père, les vrais, ceux qui l’avaient créer, lui petit Renji. Sa mère, il ne se souvenait même plus de son nom, seulement elle était noire, complètement noir, c’était sûr. Et Renji se souvint alors du regard chaleureux de sa mère, des yeux rouges, limites brûlants, qu’ils étaient grands. Renji se souvint alors du petit air hautain que sa mère portait, elle devait être une vraie meneuse, oui, une combattante, une vraie dominante. Et puis, il y avait son père, son père, ce grand loup blanc, complètement blanc, aux yeux bruns. Qu’il était grand, et si svelte. Son père était un des seuls représentant d’une race de loup du désert. Les Canaan, ces loups aux corps fins et dont la queue peut boucler. Renji se souvint de ses deux sœurs et de son frère, furtivement. Ils étaient blanc ou noir, et un avait un mélange, mais Renji, était le seule à avoir de telle marques rouges, qu’il ne renia jamais. Renji se souvint ensuite de la terrible nuit, ou sa mère et son frère et ses sœurs furent obligés de fuir. Seul, son père resta, la petit aurait voulut rester auprès de son père, mais il l’avait poussé et avait répondu : « Ne t’inquiète pas, nos chemins se croiserons à nouveaux ! ». Ouais, s’en doute jamais. Mais le louveteau, qui restait dans le cœur de Renji ne cessait d’espérer un jour le revoir.
Heureusement, il y avait eut sa mère adoptive, Beam of Life, qui le recueillit quand il était perdu, et loin de sa famille. Ah … Le mâle soupira, laissant son souffle s’envoler vers les immensités des cieux.

« Bam ». C’est alors que, la tête ailleurs, il venait de rentrer dans quelque chose, ici quelqu’un. Il baissa sa tête. Mmh, un derrière, un derrière blanc, avec des sabots et une longue queue remplie de crins. Il recula de plusieurs pas, et baissa un peu ses oreilles, par signes de respect, cependant il garda sa queue haute, montrant son grade. Et il articula :

Une excuse valable, pour un gamin. Mais cette odeur était en partit la sienne, ou plutôt celle de son clan. Alors, il redressa ses oreilles. Il n’y avait qu’une seule et unique jument blanche dans son clan. Une jument dont la crinière est argentée. Erya.

E

C

U

- Héhé… Désolé –

- Bonjour, Alpha -

T

Quand Renji rentra en contact avec le derrière de la jument, celle-ci était arrêter. A croire qu’elle savait à qui elle allait avoir à faire. Incroyable. On dit de nombreuses choses sur les aveugles, des choses généralement positives. On raconte que les autres sens d’un aveugle se décuple. Mais, du point de vue de Renji, cela ne valait pas la peine de perdre ses yeux. Car pour lui, c’était une des choses les plus précieuses, de son anatomie. Puisqu’il avait une excellente vue, et aussi car il aimait flâner son regard sur les courbes des paysages, tels qu’ils soient. Et puis, c’était l’alpha de la Vue, alors forcément, ça l’aurait rendu très mal qu’il soit aveugle. Et aussi, pourquoi avoir accepté une aveugle ? Par simple envie ? Par curiosité ? Par pitié. Non, loin de là.

« Bonjour Alpha. » déclara la femelle, d’un ton plutôt calme, et mélodieux. Oui, on aurait dit que sa voix chantait d’elle-même, mais d’une façon plutôt discrète. Hors le mâle avait toujours le petit plus pour trouver des choses qui passent inaperçues.

laissa échapper l’alpha en question. Eh bien, quelle étonnante capacité à reconnaître son alpha. Certes il dégageait une odeur forte, mais tout de même. Renji sourit. Même si la femelle ne le voyait pas, il s’en fichait bien. Le mâle aux cheveux rouges regarda la jument, qui semblait en bonne forme, et qui s’en allait vert le territoire du Feu.
Il la salua, enfin, après un petit moment de silence :

Dit-il de sa voix enjoué. Ses yeux chaleureux regardaient la jument blanche avec une fierté bien étrange. Comme celle d’un père envers son enfant, mais à vrai dire, Renji étant alpha, était bien heureux d’avoir comme conseillère Erya, cette jument aveugle aux capacités d’analyses incroyables. Rapides, précises et sûres. Oui, c’était bien là une jument de son clan, et il en était bien content. Toujours avec son sourire rayonnant, il ajouta :

Oui, vraiment, Erya n’était pas une simple aveugle. Car malgré son handicap, elle avait ce pouvoir qui lui collait si bien à la peau. Elle avait impressionnée le mâle quand elle l’avait utilisé. La conseillère pouvait se glisser derrière le regard de quiconque, à condition qu’il soit proche, et ainsi voir. N’était-ce pas magique pour une jument de son statut ? Mais, après tout, Erya ne semblait pas vraiment émotive. C’était une femelle au caractère bien cachée, et elle dégageait toujours une sorte d’aura bien mystérieux. Pour tant, au fond, Renji savait bien que cette femelle n’était pas si énigmatique que ça. Car, il avait pu l’apercevoir, rire, avec son meilleur ami, Raintramp, ce sacré étalon, un gardien du même clan.

Renji inspira profondément, et continuant de sourire, il s’assit, un court instant, pour se gratter l’oreille droite qui le démangeait depuis un certain bout de temps. Ainsi, se grattant, il finit aussi par bailler, en toute discrétion, pour une fois … Et, de suite, il se releva. Il n’avait pas très envie de rester ici. A vrai dire, il voulait vite rentrer à sa tanière, histoire de dormir. Enfin, dormir, et réfléchir aussi. Il continua de regarder la jument, attendant sa réponse, et il finit par déclarer.

débuta-t-il

[Erf, désolée pour le retard. Je n'ai pas vraiment le temps de répondre en semaine.]

C’est vrai, Erya. Tu avais beau être condamnée aux ténèbres jusqu’aux restant de tes jours, tu n’étais cependant pas une simple aveugle, comme bien des personnes pouvait le penser. Tandis que la majorité des êtres privés de ce sens formidable qu’est la vue se lamentaient sur leur triste sort, toi, Erya, petite jument blanche, tu ne te plaignais pas. La vie est injuste, certes, mais jamais tu ne crias ton désespoir. A quoi cela servait-il, mis à part se détruire soi-même ? Non, toi, tu as su t’adapter. Et peut-être était-ce une bonne chose. De ce fait, tu as su te servir à bon escient de tes autres sens. Ceux-ci s’étant surdéveloppés, tu as su leur donner une force, et tu as appris à t’en servir. A présent, tu sais analyser mieux que quiconque une situation, et la lumière ne peut pas déduire à ta vitesse. Le fait de n’avoir plus que 4 sens t’a rendu sage et extrêmement prudente. Et pourtant, tu es encore jeune. Oui, Erya, tu n’es pas comme les autre. Peut-être est-ce cela qui t’as permis d’intégrer un clan, le clan de la Vue, qui plus est. Peut-être est-ce cela qui te permit d’obtenir le rang de ‘conseillère’….

Ton Alpha te rendit ton salut. Alors, tu relevas ta fine encolure et, corps au repos, tes yeux inexistants semblèrent un moment le fixer à travers ton bandeau de sang. Bien évidemment, tu ne le voyais pas. Mais tu te l’imaginais. Un loup imposant, muscles saillant sous sa fourrure soyeuse aux couleurs inhabituelles. Crocs tranchants comme la lame d’un rasoir, tout l’attirail physique d’un chef de meute. Mais peut-être que ta vision se rapprochait de la vérité. Tu sais Erya, je sais que tu lui voues un profond respect et aussi, je sais que, quelque part, tu lui es reconnaissante. Après tout, n’était-ce pas lui, qui t’avais permis de t’intégrer dans son clan ? De vivre en paix, pour l’instant ?

-Comment vas-tu depuis notre dernière rencontre ? Bien j’espère ! -

Que répondre à cette question ? Le temps t’était compté. Les grains de sables de ton sablier de vie s’accumulaient. A chaque seconde, ils tombaient. Et à chaque fois que tu avançais, tu sentais la mort approcher. Aussi loin soit-elle, elle était là. A chaque temps de vie, le chemin qui la séparait de ton être se rétrécissait. Tu le sentais, tu le savais. Bientôt, ses doigts glacés toucheront ton corps frêle, et tu sentiras l’étreinte de ses bras t’emmener vers elle. Cette chose sans forme ni couleur, qui effraie tant de personne, elle viendra t’enlever ton âme, tandis que ta pauvre carcasse sèchera sous un soleil de plomb ou servira de repas aux vautours affamés. Alors tu partiras. Vers cette lumière blanche qui luit au loin. Tu devras aller vers cette aura. Et jamais plus, tu ne reviendras.

« Le temps passe et, à chaque seconde, je sens ce lien se resserrer. Bientôt, mon âme ne sera plus que sienne, et mon corps se décomposera. Oui, la mort arrivera bientôt, monsieur Alpha. »

C’est dans un soupir que tu prononças ces paroles bien sombres. Mais après tout, tout cela n’était-il pas futile ? Un jour, on décide de vous donner une âme. Et à cette âme, on décide de lui offrir un corps. Un jour, on décide que vos yeux s’ouvriront pour la première fois. Oui, un jour, on décide de vous donner la vie. Puis un jour, on décide de vous la reprendre. Un jour, on décide que vous ne méritez plus ce cadeau. Alors, on décide de vous reprendre cette âme, et on décide de laisser votre corps jadis vivant se décomposer. Oui, un jour, on décide que tout s’arrêtera.

« Outre cela, mon corps se porte bien »

Oui, seul ton corps se porte bien, Erya. Car ton âme, elle, elle est vide. Vide de tout espoir de vie. Après tout, quel était l’intérêt de vivre si c’est pour que tout s’achève ?

« Et vous, Alpha. Comment vous portez-vous ? »

Il te paraissait bien portant, et tu sentais sa bonne humeur envahir l’atmosphère. Tu ne voyais pas son sourire sincère, mais tu en sentais les effets. Malgré cela, tu lui retournas quand bien même sa question. Mais le bien-être vient de l’âme, et c’est cela qui t’intéresse. L’âme de ton Alpha n’était peut-être pas vide, mais sans doute était-elle perdue ailleurs, dans des pensées qui devrait le rendre mal à l’aise, malgré cette bonne humeur apparente.

A ton tour, tu le gratifias d’un sourire. Un sourire timide, certes, mais un sourire quand même. Il y a certaines personnes avec qui tu pouvais te permettre des sourires. Avec Renji, tu le pouvais. Cela faisait bien un moment que tu le connaissais. Il t’avait accordé sa confiance en te nommant conseillère, et tu avais fait de même en lui offrant ta confiance, bien trop difficile à obtenir. Surtout venant de toi. Avec Raintramp aussi, tu peux te permettre des sourires. Non, même plus que cela. Avec Raintramp, tu peux te permettre de rire. Mais pour l’instant, il n’est pas là…

-Mmmh… Continuons notre conversation en marchant, veux-tu ?-

finit par déclarer Renji. Tiens, notre Alpha serait-il donc presser de rentrer sur les Terres de feu, lui aussi ? Peut-être était-ce une bonne chose. Parler en marchant vaut sûrement mieux que de rester converser, statique, sur une terre qui n’était pas siennes. Tu acquiesças donc.

« C’est une bien bonne idée. Vous savez, Alpha, mes pauvres pattes n’attendent plus que la chaleur de vos terres pour se sentir chez elle. Mon esprit y est déjà, il ne manque plus que mon enveloppe charnelle. »

Et lentement, tu repris ta marche, accompagnée de Renji. Tu t’en allais vers ses terres, tu allais vers la douce chaleur. Bientôt, tu pourrais te sentir chez toi. N’était-ce pas une bonne chose, Erya ?

« Le temps passe et, à chaque seconde, je sens ce lien se resserrer. Bientôt, mon âme ne sera plus que sienne, et mon corps se décomposera. Oui, la mort arrivera bientôt, monsieur Alpha. » Déclara sur un ton froid la jument. Non pas que la jument voulait paraître désagréable, mais c’était dans son caractère d’être ainsi. Elle semblait toujours aussi proche des instants derniers, elle semblait vouloir partir plus tôt que les autres. C’était peut-être à cause de son handicap. Elle voyait désormais les choses sous un autre angle. Mmh, certainement.

Les deux animaux étaient alors immobiles, face l’un à l’autre, et leur souffle était régulier. Le silence était un acte de bravoure pour les plus bavards, mais aussi un poids pour les plus discrets. Renji n’était ni l’un ni l’autre. Juste un vagabond. Un caractère indécis, une sorte de vas et vient entre deux facettes de sa personne. Et alors ? Lui aussi était spécial, et il était ainsi. On ne pouvait changer. Renji vit la jument soupirer, et celle-ci ajouta :
« Outre cela, mon corps se porte bien ». Renji sourit. Ses lèvres étaient étirées sur sa bouche, et il déclara, à son tour, sur un ton sérieux, qui lui était plutôt inhabituel, sauf quand l’alpha allait parlait, et non le loup. Le dominant, et non le simple animal :

Et le loup leva sa tête vers le ciel, regardant les immensités du ciel, immortel.

et il reposa son regard sur la femelle,

Ajouta-t-il. Et c’est alors, qu’il sourit encore plus, comme l’aurait fait un gamin, et après quelques instants de calme, il arracha la réponse à ses pensées.

Enfin, il se tût, et continua de sourire. Le bonheur, il savait ce que c’était, et en ce moment il en était enveloppé. Il était père, non pas de deux, mais bien de trois petits ! Fulkan, Furka et Fuyuki, deux femelles et un mâle. Il sourit, en voyant les trois boules de poils dans son esprit, un rouge, une bleue et l’autre, à la surprise générale aussi noire que le souvenir de sa mère. Oui, Fuyuki ressemblait grandement à sa grand-mère paternelle. Renji arrêta de penser à tout cela, il était heureux, avec sa famille actuelle, même si l’ancienne n’avait pas totalement disparu de son esprit.
Après ce petit discours, Erya lui renvoya la question : « Et vous, Alpha. Comment vous portez-vous ? »

Il n’était pas du genre à raconter sa vie, il n’aimait pas ça. Et puis, Erya serait au courant un jour ou l’autre. Mais ce n’était pas la peine de parler de lui, il détestait ça !

Et Erya répondit à l’invitation du mâle, à la taille moyenne et plutôt modeste pour un alpha.
« C’est une bien bonne idée. Vous savez, Alpha, mes pauvres pattes n’attendent plus que la chaleur de vos terres pour se sentir chez elle. Mon esprit y est déjà, il ne manque plus que mon enveloppe charnelle. »
Cette révélation fit bien sourire le loup. Il était très réceptif aux ondes positives des autres, surtout ceux de son clan. Et cela le fit plaisir d’entendre une telle phrase, et puis Erya était une jument qui avait une certaine délicatesse avec les mots, que l’alpha appréciait grandement. A son tour, il parla :

Il ne déclara pas « mes terres » mais bien « nos », preuve d’une part d’égalité entre les deux êtres, Renji aimait le respect, cependant il trouvait stupide les dominants qui rabaissaient à un tel point leurs sujets que ceux-ci en étaient littéralement écrasés. Et puis, l’intelligence d’Erya était quelque chose que Renji admirait, il ne l’avait pas choisit pour rien ! Conseillère, c’était tout de même une place importante.

Renji se leva, détachant son derrière du sol, et faisant craquer deux ou trois articulations, puis il remua ses pattes l’une devant l’autre, l’emmenant dans un mouvement d’avant. Il commença à marcher, d’un pas énergique, mais pas pour autant rapide. Il était en forme, et l’énergie qu’il dégageait était impressionnante. Il tourna alors sa tête vers celle de la femelle, qui vint à le suivre, pour continuer leur discussion :

- Voyons, Erya. Je commence à te connaître. Et tu sais, la mort ne me paraît pas si proche. En ce moment, je sens que l’éternité guide nos pas –

Mais quelle était donc cette éternité ? N’était-ce pas juste un mot, un nom que l’on donne à ces choses si belles qui semblent nous guider à travers ce chemin sinueux qu’était la vie ? Quelque chose dont on ne soupçonnait pas la fin, si proche pourtant ? Non, Erya, tu ne savais pas ce que cela voulait dire, tu ne savais pas ce que c’était. Ce mot, cependant bien beau, ne t’interpellait en rien. Tu ne saurais lui donner un sens, car il n’en a pas. Alors tu secouas gracieusement ta fine encolure, faisant ainsi danser tes longs crins d’argent. Et, ta voix, bien que vide d’espoir de vie, cette douce mélodie, qui glisse dans l’air en suivant la course des vents, elle répondit à ton Alpha.

« Vous savez, Alpha, cette éternité qui nous guide, il faut savoir qu’elle n’est pas éternelle. Au bout de son chemin, la mort nous attend. C’est certes cette éternité qui trace notre chemin, mais cette mort, elle nous attire. Sa force nous pousse à dévier cette route. Et quoi que l’on fasse, jamais on ne pourra l’éviter. Un jour où l’autre, on finira par poser nos pattes sur cet embranchement, et on s’en ira vers cette aura. Et vous savez, Alpha, jamais plus, on ne reviendra. »

C’est notre destin à tous. Et ça, Erya, tu le savais pertinemment. Peut-être mieux que quiconque. Un jour, tout finit par s’arrêter. Un jour, ce sera notre fin. Et ça, on ne pourra pas y réchapper. Et pourtant, il y a des êtres qui n’y pensent pas. Cette chose, qui est pourtant notre destin à tous, ils ne s’en soucient pas jusqu’à ce que cela finisse par leur tomber dessus au moment voulu. Ces êtres là, ils vivent l’instant présent. Mais toi, Erya, bien que tu tente de prendre cet instant comme il te vient, tu ne peux t’empêcher d’y penser. Tu es comme ça, c’est tout.

« Vous savez, on dit que toutes chose à une fin. Mais alors, à quoi cela sert-il de créer ces choses ? »

Bien que cela soit morbide, c’était vrai. Tu ne voyais rien d’intéressant là-dedans. Pourquoi s’entêter à créer des choses, si c’est pour qu’elles disparaissent un jour ? A rien. Non, absolument. Cela ne sert à rien. Et toi, tandis que tu marchais, là, sur cette terre desséchée qui te mènerait jusqu’à chez toi dans peu de temps, accompagné de Renji, ton Alpha, tu pensais à tout cela.

- Oui je le sens, ou l’espère peut-être. Je n’en sais rien, mais saches Erya qu’en nos terres la mort s’enfuit bien loin. La mort est effrayée par une et unique chose … Le sais-tu ? –

Tu sentis que son regard de braise se posait sur toi, et tu fus parcouru d’un frisson qui secoua tout ton corps. Non, tu ne savais pas ce qui pouvait effrayer la mort, puisque, de toute façon, elle viendrait un jour où l’autre. Tu ne pensais même pas qu’une chose pareille puisse exister : quelque chose qui repousse cette chose extrême. Cependant, tu agitas la tête, en signe de négation.

- La joie de vivre. Voilà ce qui l’effraie. Alors Erya, vis, souris, ris, fait tout ce qu’il te plaid, je ne te demande pas d’être sympathique avec tout le monde, car la plupart des loups sont brutes. Je te dis, de te faire plaisir avec ceux qui réchauffent ton cœur. Ceux, ou juste un ami, cela suffit à un grand bien bonheur –

Tu considéras un instant cette question, qui te surpris, il faut l’avouer. Ton Alpha n’avait pas tout à fait tort, il faut le reconnaître. Certes, la mort viendra bien un jour où l’autre et ça, jamais on ne pourra le nier, mais il est possible de l’oublier. Ne fut-ce qu’un instant. Le temps de quelques secondes, pouvoir oublier qu’un jour, tu disparaîtras. Tu esquissas un sourire, puis, tu levas ta petite tête vers le ciel, bien que tu ne le voyais pas. Il était bleu, sans une once de nuage pour le gâcher. Mais toi, tu ne voyais que le noir intense qui emplissait tes yeux depuis si longtemps. Mais ce n’était pas grave : c’était le ciel quand même.

« Vous avez raison, Alpha. La joie de vivre est une force en elle-même. Elle vous permet d’oublier, l’espace d’un instant, qu’un jour, ce sera la fin. Mais… Tu te tus un instant, cherchant tes mots. Croyez-vous que je puisse obtenir cette joie de vivre aussi facilement ? Je ne peux pas me permettre une telle chose avec tout le monde, vous le savez. N’oubliez pas que je suis condamnée au noir complet. Prudence est maître de sûreté »

Il y avait cependant une personne qui était capable de t’emplir de cette force. Et tu en étais consciente. J’ai déjà mentionné son nom, il s’appelle Raintramp. Oui, c’est cet être qui sait te rendre heureuse, rien que par sa présence. C’est cet être avec qui tu peux te permettre de rire. C’est avec lui, que tu as le droit d’avoir la joie de vivre.

- Dis moi donc, si cela n’est pas trop indiscret, que faisais-tu ici ? –

« Il est vrai que je n’ai pas l’habitude de me promener sur des terres qui ne sont pas celles du Feu, les notre en l’occurrence, comme vous le dites si bien. Et je peux comprendre votre question. On n’est jamais trop prudent. Seulement, peut-être avais-je envie de fouler de mes sabots une terre autre, histoire de me dégourdir un peu les pattes. Derechef, tu secouas ta tête. Il me semble que nous sommes sur les terres du Toucher, je me trompe ? Le propriétaire est Daggue, si je ne m’abuse. Et j’ai déjà eu l’occasion de le rencontrer. J’ai bien compris qu’il n’oserait pas me faire de mal sans éveiller votre colère. Voilà pourquoi je suis venue ici. Cependant, j’ai été en alerte durant toute ma ballade, peut-être plus que d’habitude. Ce ne fut donc pas une ballade tranquille. J’aurais dû m’en douter. Mais enfin… »

« Vous savez, Alpha, cette éternité qui nous guide, il faut savoir qu’elle n’est pas éternelle. Au bout de son chemin, la mort nous attend. C’est certes cette éternité qui trace notre chemin, mais cette mort, elle nous attire. Sa force nous pousse à dévier cette route. Et quoi que l’on fasse, jamais on ne pourra l’éviter. Un jour où l’autre, on finira par poser nos pattes sur cet embranchement, et on s’en ira vers cette aura. Et vous savez, Alpha, jamais plus, on ne reviendra. » Répliqua sur un ton ferme, la jument. Elle était de cet avis, et certainement que rien au monde la ferait changer. Mais après tout, pourquoi ne pas essayer ?

Renji n’était pas un loup vraiment têtu, et il ne cherchait pas à avoir raison, pour lui chacun avait droit à son opinion, chacun pouvait être différent. Et d’ailleurs chacun se devait d’être différents, autant physiquement que mentalement, sinon la diversité de se monde serait morte depuis bien longtemps. La jument était d’une nature plutôt pessimiste, ce qui était compréhensible, à cause de son handicap, certainement. Renji ne savait ni quand ni comment elle était devenue aveugle, mais il ne chercha pas à le savoir. Cela lui était bien égal. Il sentit son corps vibrer sous les doux rayons du Soleil. Ce Soleil à la fois protecteur et destructeur. Annonciateur d’une belle journée, mais aussi d’une sécheresse. Renji connaissait bien ce Soleil, cet astre qui était si bien lié au Feu, son élément. Mais il n’en avait pas peur, car il l’avait que trop bien appréhendé aux fils des années. En continuant à marcher, le loup posait lentement ses pattes, avec une certaine puissance le faisant ainsi avancer à la même cadence que le cheval.

Lui répondit-il, enfin.

Alors, il ferma ses yeux, et inspira profondément pour les rouvrir et déclarer :

Finit-il.
Renji avait déjà frôlé la mort, à plusieurs reprises, mais ce n’était pas pour ça qu’il était encore plus confiant, ou au contraire plus peureux. Ni l’un ni l’autre.
Il n’avait pas changé après avoir frissonné croyant respirer pour la toute dernière fois. Non, il était resté le même.

« Vous savez, on dit que toutes chose à une fin. Mais alors, à quoi cela sert-il de créer ces choses ? » Questionna Erya.

Réfléchit le mâle.

Il leva un sourcil, lui donnant un air plutôt comique, et il ajouta :

La jument nacrée d’un blanc parfait bougea sa tête, en signe de négation. Car elle ne savait pas ce qui pouvait bien effrayer la mort, elle qui la voyait partout autour d’elle, elle qui la sentait bien plus que les autres, elle qui se sentait encerclée et peut-être n danger ? Peut-être, mais Renji ne pouvait pas le savoir, il ne savait tout simplement pas ce qu’était d’être enfermé dans une obscurité constante. Lui, il aurait certainement abandonné, et se rait suicidé, dans sa Vue. Mais Erya avait eut le courage de tenir à sa vie, et de continuer, peut-être était-ce pour cela qu’elle était plus sensible à la mort, vis-à-vis des autres.

« Vous avez raison, Alpha. La joie de vivre est une force en elle-même. Elle vous permet d’oublier, l’espace d’un instant, qu’un jour, ce sera la fin. Mais… Croyez-vous que je puisse obtenir cette joie de vivre aussi facilement ? Je ne peux pas me permettre une telle chose avec tout le monde, vous le savez. N’oubliez pas que je suis condamnée au noir complet. Prudence est maître de sûreté »

Déclara-t-il sur un ton sérieux.

Il continua à la regarder, et sourit, il était près à écouter chaque membre de son clan si tous se sentaient mal. Il était ainsi.
Erya vint alors à répondre à l’alpha.

« Il est vrai que je n’ai pas l’habitude de me promener sur des terres qui ne sont pas celles du Feu, les notre en l’occurrence, comme vous le dites si bien. Et je peux comprendre votre question. On n’est jamais trop prudent. Seulement, peut-être avais-je envie de fouler de mes sabots une terre autre, histoire de me dégourdir un peu les pattes. Il me semble que nous sommes sur les terres du Toucher, je me trompe ? Le propriétaire est Daggue, si je ne m’abuse. Et j’ai déjà eu l’occasion de le rencontrer. J’ai bien compris qu’il n’oserait pas me faire de mal sans éveiller votre colère. Voilà pourquoi je suis venue ici. Cependant, j’ai été en alerte durant toute ma ballade, peut-être plus que d’habitude. Ce ne fut donc pas une ballade tranquille. J’aurais dû m’en douter. Mais enfin… »

C’était vrai, tout était vrai. C’était vraiment la personne la plus prudente qu’il connaissait. Alors, il répliqua :

Souffla-t-il.

Ah si seulement les temps étaient plus tranquilles. Mais les quelques tensions entre les différents clans étaient palpables.

Renji, continua à marcher en compagnie de la jument blanche, et il se rapprochait à coup sûr des terres de la Vue. Là, elles étaient toutes proches, leurs terres. Renji sourit encore plus, et respira fortement, remplissant ses poumons d’une odeur qui lui était bien plus que familière.
Après plusieurs minutes, Renji posa sa patte, sur une terre plus chaude que la moyenne. Il humait déjà cette senteur si particulière, qu’il aimait tant. Alors, il s’arrêta et déclara :

Il tourna sa tête vers elle et s’arrêta. Il se détendit, un peu, et s’assit, un bref instant. Il ne cessa d’admirer les étendues qui s’offraient à eux, et aux loin, il pouvait voir le fier volcan … L’œil de braise.

(Merci

Mais non,enfin. J’aime vraiment beaucoup tes messages et je suis bien inspirée par eux ( : Et en plus, j’adore notre topic Nyu <3

Donc, ne t’en fais pas ;D)

- C’est vrai, tu as raison. La mort est quelque chose d’inévitable, que l’on ne peut laisse de côté -

D’un bref signe de tête, tu opinas. Après tout, la mort faisait parti de notre courte – peut-être trop courte – existence. C’était notre destin. Et à moins d’être immortel, jamais on ne pourra y échapper. Jamais on ne pourra échapper à ses doigts glacés qui viendront tôt ou tard vous reprendre la vie et donnez la liberté à votre âme, restée trop longtemps prisonnière dans cette enveloppe charnelle qu’était alors votre corps. Mais, ne vous êtes vous donc jamais posée cette question ? Qui – ou quoi – était immortel, dans ce monde ? Rien, ni personne. Aucune chose matérielle, qui fait parti de ce monde aujourd’hui, n’a le pouvoir de vivre à tout jamais, sans ne jamais vieillir, malgré les saisons qui défilent. C’est donc la preuve inévitable qui confirme cette sordide pensée, qui fait pourtant parti de chacun : la mort est inévitable. Chacun aura une durée de vie plus ou moins longue, certes, mais chacun sera amener à mourir un jour. C’est la loi de la nature. Le monde est fait ainsi. Nous sommes faits ainsi. Mais alors, pourquoi avoir créer cette immortalité ? Pourquoi l’avoir intégré dans ces légendes, qui racontent les histoires rocambolesques d’être merveilleux, de dieux sur qui le temps n’a aucun effet ? Pour faire rêver ? Pour donner à ces êtres un rêve qui ne se réaliseras donc jamais ? Pour rendre fous ces êtres qui se demande POURQUOI cela n’existe pas ? Non, vraiment. Quel était l’intérêt de tout ça ? Si nous sommes tous condamnées à mourir, alors tu ne voyais pas pourquoi ces personnes sortis tout droit de mythes n’avaient pas le droit de mourir. Cela pouvait sembler fou mais, au fond, tu ne comprenais pas. On dit le monde est cruel mais, en faite, ce sont ces êtres qui sont cruels envers eux-mêmes.

- Mais cela n’empêche pas de ne pas y penser, et de vivre, pleinement, son existence. La mort sera toujours présente, mais moins on y pensera et plus loin elle paraîtra. Oui, j’en suis convaincu -

Là aussi, d’un bref signe de tête, du opinas derechef. Ce que tu avançais avait beau être vrai, mais tu ne pouvais nier les remarques de ton Alpha. Ce qu’il disait était vrai, et tu le savais. Tu sais Erya, ce côté moins noir et morbide que celui dont tu parles, ce côté que ton Alpha évoque pour, peut-être, t’amener à voir les choses sous un autre angle, on appelle cela de l’optimiste. Peut-être ne sais-tu pas ce que cela est, car c’est dans ta nature d’être pessimiste sur la plupart des sujets et situations.

- Mmmh …Ta question est fort pertinente. Mais à vrai dire, de mon point de vue, cela ne sera pas vraiment dur d’y répondre. Il y eu une pause. Les choses sont créées par d’autres choses, qui elles vont mourir. [i]Pour que la chaîne qui lie toutes ses choses ne se casse jamais, et que pour l’éternité la vie existe. Mais pour que tu le comprennes aussi bien que tu le ressens, cela serait dur de l’expliquer. Mais disons que les choses sont faites pour construire l’avenir d’autres choses, et qu’un jour, les choses seront remplacées, cédant leur place à jamais. -

Tu ne comprenais pas le raisonnement du mâle, bien qu’il pût paraître juste. Cette naissance et cette disparition soudaine des ces choses, ce cycle qui se répétait inlassablement, n’avait-il donc comme seul but de donner l’éternité à la vie ? Pour que la vie puisse acquérir cette force qu’est l’immortalité, fallait-il donc donner la mort aux autres ? Pour le simple bonheur de cette vie ? N’était-ce donc pas égoïste ? Non vraiment, tu ne comprenais pas cet étrange raisonnement. Mais tu le savais, il était vrai.

« Donner l’immortalité à la vie, c’est la donner à la mort. Et tandis que l’on donne le loisir à des êtres de pouvoir vivre, un jour où il ne s’y attend pas, on la lui arrache afin de la donner à quelqu’un d’autre. Tout cela dans le but de donner l’immortalité à la vie et, par conséquent, à la mort. N’est-ce pas là un acte d’égoïsme ? Tu soupiras. Cependant, je ne peux que me ranger de votre côté sur ce sujet. Car votre réponse n’est on ne peut plus exacte. »

Tu frissonnas lorsque la brise glacée vint caresser ton corps frêle, et tu renâclas. Il était vrai que, en raison de ton corps maigre et fragile, avec pour seule couverture cette robe immaculée aux reflets argentés, tu étais plus sensible au froid. Cependant, dans quelques instants, tu pourras échapper à cet air glacé et laisser ton âme se réchauffer sur les terres de Feu. A cette pensée, un petit sourire se dessina sur tes lèvres équines.

- Oui. Je sais Erya. Mais que puis-je donc te dire ? Je ne suis pas à ta place, et malgré mes efforts de compréhensions, jamais je ne pourrais ressentir ce que tu ressens. La voix sérieuse de ton Alpha se mêla aux sifflements du vent. Mais en revanche, saches que si un jour la solitude te ronge trop, ou un autre sentiment obscur, viens me voir. Je serai là pour t’écouter et pour parler avec toi. -

Lentement, tu tournas la tête vers ce mâle et chef de meute qui trottinait à tes côtés, en direction de vos terres. Et tu lui adressas un sourire sincère, bien que timide. Les paroles que Renji venait de prononcer te touchaient, et tu ne pouvais qu’être reconnaissante envers lui. Tu lui devais déjà tant.

« Oh Alpha, j’espère sincèrement que jamais, au grand jamais, vos yeux ne connaîtront les ténèbres. C’est une bien trop dure expérience. Vous savez, toutes ces choses me manquent. Pouvoir sentir la chaleur du soleil sur ma peau sans pouvoir le voir, c’est assez éprouvant. Et je vous remercie pour tout ces efforts dont vous faites preuve, afin de pouvoir comprendre mes ressentis, mais jamais vous ne pourrez vraiment vous mettre à ma place. Et j’espère vraiment que cela ne vous arrivera jamais. La vue est un bien trop précieux cadeau, il ne faut pas la gâcher. Ton sourire s’élargit. Votre attention me touche. Et si jamais j’en éprouve le besoin, alors je viendrais vous voir. »

Tout en marchant, tu écoutas les paroles de Renji, tout en secouant la tête aux moments appropriés. Il était vrai que les terres de Daggue restaient, tout comme celles de Renji, pures de toutes trace de sang. Tu ne connaissais pas encore les autres terres, mais tu ne tenais pas plus que ça à t’y aventurer. Cela était bien trop dangereux.

- Nous y voilà. Nous voilà chez nous, Erya -

C’est vrai. Maintenant, tu étais chez toi. Le bruit de tes sabots frappant cette terre brûlée emplissait tes oreilles d’une douce mélodie. Et cette chaleur emprisonnait déjà ton corps, lui donnant déjà tout le réconfort dont il avait besoin.

« Oui, nous sommes chez nous, monsieur Renji. Je sens les bras de cette chaleur emprisonner mon corps et cette sensation de bien-être m’a déjà envahi. Je suis contente d’être enfin ici, en votre compagnie. Et là, maintenant… Pause. Maintenant, j’éprouve le désir de pouvoir voir ces terres. Cela fait trop longtemps que je ne les aies pas vu »

Tu t’arrêtas, imitant ton Alpha. Puis, tu baissas lentement ta fine encolure, et la rapprochais le plus possible de sa tête, sans pour autant le toucher. Tu voudrais, l’espace d’un instant, lui emprunter ses yeux. Juste pour voir ces terres. Juste pour voir ton chez toi.

« Vous permettes ? »

« Donner l’immortalité à la vie, c’est la donner à la mort. Et tandis que l’on donne le loisir à des êtres de pouvoir vivre, un jour où il ne s’y attend pas, on la lui arrache afin de la donner à quelqu’un d’autre. Tout cela dans le but de donner l’immortalité à la vie et, par conséquent, à la mort. N’est-ce pas là un acte d’égoïsme ? Cependant, je ne peux que me ranger de votre côté sur ce sujet. Car votre réponse n’est on ne peut plus exacte. »

Renji écouta attentivement la femelle. Il n’avait plus vraiment d’explications à lui fournir, elle savait tout, ou presque. Mais à vrai dire, son côté pessimiste la poussait à voir le noir au lieu du blanc. Mais à vrai dire, le plus dur, était de voir le gris. Mais c’est une autre conversation …

Quand la jument eut fini de parler, et aussi d’écouter les douces paroles du mâle, elle eut une légère surprise. Son regard inexistant n’en parut pas moins expressif. Car sa bouche épousa l’émotion de la tendresse. Ses lèvres souples se tordirent, et c’est alors qu’un sourire apparut sur le visage de la femelle. C’était vraiment une scène magnifique. Cela devait être la première fois qu’il la voyait sourire. Et non pas qu’elle eut la dentition la plus parfaite du monde, mais bien que l’émotion qu’elle dégageait était palpable. Renji s’arrêta de respirer, un instant, pour pouvoir mémoriser ce moment. Ses yeux étaient grands ouverts, et sa mâchoire inférieure légèrement baissée. Vraiment, c’était magnifique … Ses yeux bruns, emplis d’une chaleur inconnue ailleurs que dans son regard, imprégna à sa mémoire, l’instant magique qu’était celui-ci. C’est alors que la jument, touchée par les paroles de son alpha, répondit :

« Oh Alpha, j’espère sincèrement que jamais, au grand jamais, vos yeux ne connaîtront les ténèbres. C’est une bien trop dure expérience. Vous savez, toutes ces choses me manquent. Pouvoir sentir la chaleur du soleil sur ma peau sans pouvoir le voir, c’est assez éprouvant. Et je vous remercie pour tout ces efforts dont vous faites preuve, afin de pouvoir comprendre mes ressentis, mais jamais vous ne pourrez vraiment vous mettre à ma place. Et j’espère vraiment que cela ne vous arrivera jamais. La vue est un bien trop précieux cadeau, il ne faut pas la gâcher. Votre attention me touche. Et si jamais j’en éprouve le besoin, alors je viendrais vous voir. »

Renji élargit alors, son éternel sourire, et déclara, sans vraiment réfléchit. A vrai dire, ses paroles étaient sincères et provenaient directement de son cœur, alors il n’avait pas à chercher bien loin :

Il marqua un temps, et ajouta, en levant sa tête vers les cieux :

La fin de sa phrase était bien entendue, portée sur la discussion qu’il venait d’avoir, sur la mort. Enfin, il soupira, comme l’aurait fait un vieux, et le derrière sur le sol, il tourna sa tête vers Erya. Il pensa alors, rien qu’un instant, à son futur, et à celui de son clan, celui de sa famille … Oui, il vieillerait et alors, il deviendrait faible. Les autres clans pourront lui tomber dessus, et il s’effondrerait, tout comme son clan ? Qu’adviendra-t-il du clan de la Vue ? Qui saura redresser ce camp, quand Renji sera bien trop vieux, ou absent ? Qui ? Alors, ses yeux bruns firent jaillirent une flamme d’espoir. Une seule et unique personne en était capable, il le savait malgré le fait qu’il ne la connaissait pas trop. Furka. Cette petite louve au pelage bleue, cette jeune loupiotte qui essaye déjà de monter le plus haut, d’être la plus forte, la plus remarquable. Mais Renji savait très bien pourquoi elle faisait tout cela. Pour lui prouver, à lui, son père, qu’elle était digne de diriger un clan, de diriger un monde entier s’il le fallait ! Oui, Furka serait la future alpha. Il se rassurant, alors, et ferma ses yeux, pendant quelques secondes, en repassant la scène de la naissance de ses trois enfants. Ils étaient tous beaux, ils étaient tous différents, et ils étaient tous ses enfants. Renji savait que Furka prendrait les raines du clan bien avant qu’il ne meure, oui, elle en était tout à fait capable. Et c’est pour cela, que Renji allait l’entraîner, quand elle serait adolescente. Mais acceptera-t-elle ? Ne sera-t-elle pas offensée de n’être importante à la vue de son père, juste pour la survie du clan de la Vue ? Renji ne savait pas, et ce doute était grand en lui. Alors, il soupira, à nouveau, et espéra. C’était la seule chose qu’il pouvait faire. Ah, il pouvait, et devait, attendre aussi. Mais heureusement pour lui, il était patient.

« Oui, nous sommes chez nous, monsieur Renji. Je sens les bras de cette chaleur emprisonner mon corps et cette sensation de bien-être m’a déjà envahi. Je suis contente d’être enfin ici, en votre compagnie. Et là, maintenant… Pause. Maintenant, j’éprouve le désir de pouvoir voir ces terres. Cela fait trop longtemps que je ne les aies pas vu »

Renji se sentit légèrement mal à l’aise, ne pouvant pas plus l’aider, mais à vrai dire, il ne se souvenait plus de son pouvoir. Elle ajouta donc :
« Vous permettez ? ». Et c’est alors qu’il se rappela de son don, si bien tombé. Mais Renji ne savait pas, si pendant le temps qu’elle utilisait ses yeux, il devenait aveugle ou continuait de voir. Mais après tout, il avait confiance en elle, alors, voyant le visage de la jument s’approcher du sien, il sourit, comme toujours, et ferma ses yeux.

- Oui, n’hésite pas, je serai toujours là pour toi, pour mon clan. Ou du moins presque. -

Avant que l’on ne décide de vous séparer, accrochez vous à ce qu’il vous reste. Profitez de ces instants heureux qui vous permettent de profiter de cette vie éphémère. Ne laissez pas partir ces êtres : ils tracent votre chemin. Votre seule raison d’avancer, ce sont eux. Ne partez pas, vous ne leur êtes que trop indispensables. Aidez-les à avancer, ils vous aideront à avancer. Ne les laissez pas passer entre les mailles du filet. Gardez-les, pour vous. Et à votre tour, tracez leur chemin…

« Oh Alpha, tout comme vous serez là pour moi, je serais là pour vous. Aidez-moi à suivre ce chemin, je vous aiderais à suivre le votre. Certes, elle est là, la fin, mais pour l’instant, contentons-nous d’avancer. Ensemble. »

Oui, c’est ainsi. Nous sommes nés pour mourir. Le jour où l’on a décidé de nous donner la vie, on a également décidé que, un jour, on nous la reprendrait. Peu importe le but de cette action, le pourquoi et le comment, c’était ainsi. Le jour venu, ce jour que l’on nous a promis, la mort viendra. Elle touchera notre âme, de ses doigts glacés. Elle enlacera notre corps dans une douce étreinte givrante. Et, lentement, elle nous fera disparaître. Notre âme ne sera plus que forcée de la suivre. Elle prendra sa main, et ensemble, elles iront vers cette aura qui luit au loin, au royaume des cieux.

« Et lorsque la mort, déjà si proche, viendra prendre mon âme, continuons à avancer. Mon vivant ne sera plus, certes. Mais nous pourrons encore avancer. »

Et à ce moment-là seront faits les ultimes adieux. Un dernier au revoir, et ce sera fini. Même pas une étreinte, juste un signe de la main. Tu leur tourneras le dos. Et ils ne se souviendront même plus de la dernière fois qu’ils auront vu ton visage. Tu n’auras plus de vivant, ils n’auront plus ton vivant.

« Non, vous continuerez toujours à avancer. Je vous encouragerais. Je serais déjà partie, certes, mais même après avoir franchi ce portail, je voudrais vous servir. Servir ceux qui m’ont aimé, et ceux qui m’ont aidé. »

Ils ne sentiront plus la chaleur de ton corps, ils n’entendront plus la mélodie de ta voix, Erya. Tu ne seras plus là. Ton vivant les aura délaissé. Physiquement, tu ne seras plus là. Ton pauvre corps ne sera plus que poussière sous cet astre, qui lui aussi disparaîtra bientôt, et ton âme reposera en paix. La Terre continuera de tourner, comme si rien ne s’était passé. Cependant, ceux qui t’ont aimé, ceux qui t’ont aidé… Ils t’auront toujours à leurs côtés, et ils te verront. Sais-tu comment on appelle cela, Erya ?

« Les souvenirs. Oui, ce sont les images que vous avez de moi qui vous viendront en aide. C’est ainsi que vous continuerez à avancer. Il ne faut pas que l’on oublie ces êtres, car ils peuvent encore nous aider, aussi loin soit-ils. Vous savez, Alpha… Jamais votre image ne sombrera dans le gouffre de mes souvenirs. Pour moi, vous serez toujours là. Bien que je persiste à croire que je partirais avant vous… »

Mais pour l’instant, profite de ces instants. Fais comme te l’a dit ton Alpha. Prends cela comme un ordre, et n’y pense plus. Aie cette joie de vivre. Erya, s’il te plait. N’y pense plus. Rien qu'un instant, essaye d'empêcher cette sombre pensée envahir ton esprit. Construit un mur, s'il le faut. Et reconstruis-le une fois qu'il sera détruit. Erya...

-Bien sûr !-

Un éclair, et enfin, tu ouvris les yeux, pour la première fois depuis si longtemps. Ce n’était pas tes yeux, certes, ce n’était pas ta vue… Mais son propriétaire la partageait avec toi. Comment décrire cette sensation ? Tu n’avais jamais rien vu d’aussi beau. Et tu te surpris à être ébahi devant cette chose, si simple. Le soleil commença par t’éblouir, mais tu ne pus qu’admirer cette clarté. Cette lumière, si pure, si belle, tu la redécouvrais. De même que cette terre calcinée qui s’étendait au loin. Ebène, ce sol que tu foulais de tes sabots depuis si longtemps, tu ne la reconnais plus. Et là, devant toi, dominant fièrement le monde, cet oeil de braise. De là-haut s’échappait de longs filets de lave brûlante. Quelle belle couleur ! Ce magma, il avait vraiment une couleur magnifique, vraiment. Quel était son nom, déjà ? T’en souviens-tu, Erya ?

Eclair. Tu aurais bien voulu admirer éternellement ce paysage, ces terres qui te servent de foyer, mais tu ne le pouvais pas. Ce pouvoir te coûte de l’énergie, et tu ne pouvais pas te permettre de garder, même en guise de partage, cette vue. Car ce sens est quelque chose de bien trop précieux pour être partagé, ne fut-ce qu’un instant. Mais ton Alpha avait eu la bonté de te la prêter. Et tu l’en remercies encore.

« Je ne parvins pas à croire qu’une chose si belle, qui connaîtra tôt ou tard la fin, puisse exister. Vraiment, cela me laisse sans voix… »

Et les ténèbres qui envahirent à nouveau tes yeux vides manquèrent de te plonger dans la dépression.

« Oh Alpha, tout comme vous serez là pour moi, je serais là pour vous. Aidez-moi à suivre ce chemin, je vous aiderais à suivre le votre. Certes, elle est là, la fin, mais pour l’instant, contentons-nous d’avancer. Ensemble. »

Renji sourit, mais ce n’est pas pour autant qu’il prononça le moindre mot. Au contraire, il se tut, et observa la jument, elle avait du rester si longtemps dans ces ténèbres, après tout c’était normal qu’elle se sente si proche de la mort. Mais Renji l’avait quelque peu éclairé, à sa manière, et le fait qu’elle prononce le mot « ensemble » fit encore plus sourire le mâle. Il pencha sa tête sur le côté, et après un petit silence, il déclara :

Oui, il pensait cela, et fermement.

« Et lorsque la mort, déjà si proche, viendra prendre mon âme, continuons à avancer. Mon vivant ne sera plus, certes. Mais nous pourrons encore avancer. »

Renji fronça ses sourcils, et soupira un court instant. Cela devait être une obsession pour elle, la mort, la fin, le vide, le néant. A vrai dire, elle le connaissait partiellement, alors peut-être se sentait-elle plus proche de lui, ce sentiment de méfiance … Renji voulut ajouter une phrase, pour la contredire, lui dire que la fin, sa fin, n’était pas si proche que cela, et qu’il fallait arrêter d’être aussi parano ! Mais avant même qu’il put ouvrir sa gueule, Erya continua :

« Non, vous continuerez toujours à avancer. Je vous encouragerais. Je serais déjà partie, certes, mais même après avoir franchi ce portail, je voudrais vous servir. Servir ceux qui m’ont aimé, et ceux qui m’ont aidé. »

Déclara-t-il simplement, ne voulant pas la contredire, car il voyant à son expression corporelle qu’elle ne se sentait pas si mal, finalement, et que peut-être quand elle parlait de son futur, de ce qu’elle serait après la mort, la soulageait, oui certainement … Alors l’Alpha n’osa plus trop s’interposer, voulant juste que sa conseillère se sente mieux, plus à l’aise dans ce monde, qu’elle se détende, avec lui. Renji avait beau avoir le rang le plus haut grdait, cela ne l’empêchait pas de paraître tout l’inverse, oui, et Renji n’était pas si attaché à ces coutumes qui consistaient à mettre une grande distance entre le roi et ses sujets, le loup blanc désirait tout l’inverse. Il n’était pas arrogant, et ne trouvait aucune utilité à rabaisser ses propres sujets. Les autres, ceux qu’il n’aimait pas, oui, il prenait un malin plaisir à les agacer, mais son clan, sa famille, non, avec eux, Renji était un loup chaleureux, gentil, différent, très différent, complètement différent.

« Les souvenirs. Oui, ce sont les images que vous avez de moi qui vous viendront en aide. C’est ainsi que vous continuerez à avancer. Il ne faut pas que l’on oublie ces êtres, car ils peuvent encore nous aider, aussi loin soit-ils. Vous savez, Alpha… Jamais votre image ne sombrera dans le gouffre de mes souvenirs. Pour moi, vous serez toujours là. Bien que je persiste à croire que je partirais avant vous… »

Renji afficha alors un large sourire, et il déclara :

Il gardait son sourire radieux, et se permis d’ajouter, sur un ton humoristique :

Et d’un bon cœur, il rigola, n’étant pas effrayé par la mort. Juste par la petite rancœur que certains de ses enfants lui portaient du fait de son absence, mais ça, c’est une autre histoire.

Erya sembla bouche bée, quand elle pu partager la vue de Renji, il sourit, et elle dit :
« Je ne parvins pas à croire qu’une chose si belle, qui connaîtra tôt ou tard la fin, puisse exister. Vraiment, cela me laisse sans voix… »

C’est alors, qu’un grand silence s’installa, et Renji ferma ses yeux, pour se mettre dans la noirceur, comme Erya. Il inspira profondément, et expira par la suite. Les poumons dégagés, il se permit de bailler, discrètement.
Quand le silence atteignit son apogée, un hurlement retendit dans les alentours. Renji dressa ses oreilles, et par réflexe, il rouvrit ses yeux. Au loin, la voix rauque d’Edward se fit entendre. Renji comprit bien que celui-ci l’appelait, un problème ç régler. Ah … Alors, il soupira un court instant, et tournant sa tête vers Erya, il déclara :

Il s’approcha d’Erya, et la regarda, souriant, heureux. Il finit par un :

Et dans un mouvement rapide, le loup s’élança vers les immensités du territoire de la Vue, de leur territoire. Il lança un appel à son bêta, mais aussi à Erya. L’un pour le prévenir de son arrivée, et l’autre pour la saluer.

*Oui, a bientôt Erya !*

(Tout compte fait, je ne vais pas répondre.
Je trouve que ce topic se termine très bien. La réponse est superbe <3
Donc voilà.
C'était un superbe topic )

[ Okey je déplace Héhé

]

» Mmmmm..... [Pv Erya]
» ... *LIBRE
» Crois-tu? [ Erya ]
» La chaleur te tueras! [PV Erya]
» Tu dis mais ne sais pas [ Pv Erya